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Dissertation H-I-A S4



Dissertation

> Dans la préface des Caractères, La Bruyère affirme : « On ne doit parler, on ne doit écrire que pour l’instruction. »
Après vous être interrogé(e) sur le sens du mot « instruction », vous vous demanderez si c’est le seul but de la littérature.
LES CLÉS DU SUJET
Comprendre le sujet
La citation de La Bruyère (à travers la préposition « pour »), et la question qui la suit (à travers le mot « but ») posent toutes deux le problème de la fonction de la littérature.
La Bruyère propose une thèse très claire : l’écrivain doit instruire le lecteur. On vous demande de discuter cette thèse.
La problématiquepeut être reformulée ainsi : « Le but de la littérature est-il seulement d’instruire le lecteur ? » ou « La littérature n’a-t-elle qu’une fonction didactique ? »
Chercher des idées
Cherchez d’abord tous les sens que l’on peut donner au verbe « instruire ».
Scindez la problématique en plusieurs sous-questions, en variant les mots interrogatifs : « Pourquoila littérature est-elle efficace pour instruire ? » (inspirez-vous alors de votre réponse aux questions) ; « Quels genressont particulièrement efficaces pour instruire ?» ; « Quels autres rôles/buts peut avoir la littérature ? » ; « Ces buts ne sont-ils pas combinables ou complémentaires ? »
Interrogez-vous aussi sur ce que vous recherchez, en tant que lecteur, dans la littérature.
En vous rappelant qu’écrire est un art, vous trouverez d’autres fonctions de la littérature.
Comme vous allez être amené(e) à mentionner souvent la notion d’instruction, constituez-vous une liste de mots qui s’y rapportent pour éviter les répétitions et pour trouver de nouvelles idées : informer, information ; documenter, documentation ; (r)enseigner, (r)enseignement ; former, formation ; initier, initiation ; éclaircir ; cultiver, culture ; apprendre ; leçon ; éduquer, éducation ; guider, etc.
>Pour réussir la dissertation : voir guide méthodologique.
>Choix et exploitation des exemples : voir lexique méthodologique.

CORRIGÉ : 



Dans certains paragraphes de ce corrigé, les exemples ne sont pas développés : à vous d’y inclure vos exemples personnels commentés.



[Amorce] Pourquoi écrire ? Tout écrivain doit se poser cette question. Dans sa préface des Caractères, La Bruyère donne une réponse à cette interrogation : « On ne doit parler, on ne doit écrire que pour l’instruction. » La négation restrictive « ne… que » donne à la formule un ton catégorique sans appel. [Problématique] Cette assertion incite à s’interroger sur le travail de l’écrivain. [Annonce du plan]Écrire n’a-t-il qu’un rôle didactique ? La littérature n’a-t-elle pas d’autres finalités, notamment celle de plaire, comme le disait déjà le poète latin Horace ? Mais au-delà de cette apparente opposition, ne doit-elle pas utiliser les moyens plaisants pour mieux instruire, dans une interaction fructueuse ?
I. Écrire pour instruire ?
Le verbe « instruire » prend de nombreuses significations. En quoi la littérature répond-elle à ces divers sens ?
1. Instruire, c’est informer
Instruire, c’est d’abord informer. Ainsi les écrivains, se donnent pour mission de faire part de leurs expériences de la vie [Exemples personnels].
Ancrés dans l’actualité, ils éclairent alors les débats qui agitent leur époque. Ils le font à travers des genres variés. Au siècle des Lumières notamment, se multiplient les essais et traités : l’Italien Beccaria compose un Traité des délits et des peines, Rousseau propose Le Contrat social… La littérature permet ainsi de mieux connaître son temps. L’information passe parfois par des moyens plus indirects : ainsi Montesquieu, dans ses Lettres persanes, peint la société de son temps sous de nombreux aspects, tout comme Beaumarchais qui dans Le Mariage de Figaropeint l’aristocratie.
Mais la littérature peut informer sur l’autre. Elle jette alors un regard instructif sur des périodes antérieures et joue en quelque sorte un rôle historique [Exemple personnel]. Mais elle apporte aussi des connaissances sur d’autres cultures. Ainsi aux xvie et xviiie siècles notamment, se multiplient les récits de voyage : Jean de Léry écrit L’Histoire d’un voyage fait en terre de Brésil rapportant les coutumes des Indiens, Montaigne parle de sa rencontre avec trois sauvages venus visiter la France dans ses Essais, et, plus récemment, Claude Lévi-Strauss raconte la vie quotidienne des Indiens Nambikwara.
2. Instruire, c’est susciter un regard critique
Instruire, c’est aussi apprendre à traiter l’information, c’est-à-dire à jeter un regard critique sur le monde. De nombreux auteurs dépassent la simple information pour susciter la réflexion critique sur les vices de leur temps. Cette fonction de la littérature remonte à l’Antiquité : le « romancier » latin Pétrone fait dans Le Satiricon la satire des affranchis (nouveaux riches parvenus) sous les traits de son personnage Trimalcion.
Au xviie siècle, La Bruyère dans ses Caractères souligne les travers de la Cour. Molière veut « attaquer par des peintures ridicules les vices de [son] siècle », La Fontaine, dans ses Fables, ridiculise les défauts de son époque[Exemple personnel +« Les Animaux malades de la peste »]. Montesquieu dénonce la vanité et les folies guerrières du roi, et, au-delà la monarchie absolue.
La littérature devient alors une arme de lutte contre les abus et incite le lecteur à rejoindre ces combats qui font la dignité de l’homme. Combat contre l’intolérance [exemples à développer : Candideou L’Ingénu de Voltaire], l’injustice, le fanatisme, le racisme [exemples personnels], les horreurs de la guerre [exemple à développer : Si c’est un homme de Primo Levi] mais aussi, combat pour la solidarité [ La Peste de Camus, La Condition humaine de Malraux].
3. Instruire, c’est éduquer en transformant
Instruire vise à donner une vision du monde, de l’homme et de sa condition en général. Les écrivains expriment leur conception du monde et de la condition humaine.
Ainsi, Molière, mais aussi La Bruyère, dans leur galerie de portraits, font la peinture de vices humains, à travers des types dégagés de tout ancrage dans le temps ou dans une société : il y a l’avare, le malade imaginaire, le vantard, l’hypocrite… Ces écrivains se donnent alors comme objectif de « corriger les hommes ».
Cette vision du monde amène le lecteur à tirer une philosophie de vie qui doit se concrétiser dans le respect de certaines valeurs. Ainsi les fables dans l’Antiquité servaient de base pour enseigner les enfants et construire une sagesse de vie, une « morale ». La littérature mène le lecteur à se transformer.
[Transition]Écrire, c’est donc bien remplir les diverses formes de l’instruction, en faisant partager ses connaissances, en dénonçant des abus mais aussi en forgeant un nouvel être.
II. Écrire n’a-t-il pas d’autres rôles ?
Mais n’assigner à la littérature qu’une fonction didactique c’est la réduire à une activité utile. Or, écrire est une activité artistique aux objectifs plus larges.
1. Écrire pour « plaire »
Le principe des auteurs classiques ne doit pas être tronqué : pour Molière et ses contemporains, il s’agit bien d’« instruire et [de] plaire ». « Corriger les mœurs », soit, mais « en riant » : écrire, c’est aussi divertir, pour oublier sa condition de mortel.
Les spectateurs vont au théâtre pour « passer un bon moment» [Exemple personnel], les lecteurs de roman s’attachent à des personnages dont ils suivent avec émotion le parcours [Exemple personnel]. Les auteurs de romans policiers de nos jours emmènent leurs lecteurs dans un parcours plein de mystère qui les intrigue et proposent à leur sagacité une énigme à résoudre ; les nouvelles et romans fantastiques transportent dans un autre monde, dépaysent [Exemple personnel].
2. Écrire pour procurer un plaisir esthétique
Un auteur peut aussi mettre sa plume au service de l’art pur et se donner comme but de créer un bel objet d’art, propre à procurer une émotion esthétique, au même titre qu’un beau tableau, qu’une belle musique.
Si de nombreux poètes considèrent la poésie comme « une arme » et s’engagent à travers eux [Exemple personnel], d’autres, tels les Parnassiens, prônent « l’art pour l’art ».
La littérature rejoint alors les arts, au point que le poète Théodore de Banville a pu affirmer que la poésie englobait les arts et les surpassait tous : « Elle est à la fois Musique, Statuaire, Peinture, Éloquence ; elle doit charmer l’oreille, enchanter l’esprit, représenter les sons, imiter les couleurs […]. » On pense à Verlaine qui conseille dans son « Art poétique » : « de la musique avant toute chose… » ou à Horace, qui assimile la poésie à une « peinture ».
3. Écrire pour partager ses émotions
L’écriture peut enfin avoir pour rôle de rendre compte de ses états d’âme. Les romantiques, à travers leur poésie [Exemple personnel], mais aussi leur théâtre [Exemple personnel] traduisent leur « mal du siècle ».
Les récits autobiographiques remplissent le plus souvent cette fonction : Charles Juliet en écrivant Lambeaux rend hommage à ses deux mères, mais en même temps son écriture agit comme une sorte de psychanalyse qui le libère de ses angoisses existentielles.
[Transition]Mais n’est-ce pas une erreur que de vouloir cantonner la li
térature dans un rôle ? Faut-il opposer « plaire » et « instruire » ?
III. Plaire pour mieux instruire ?
Ne se crée-t-il pas au contraire unedynamique entre ces deux buts de l’écriture ? Le plaisir de l’écriture et de la lecture est en fait un outil efficace pour mieux instruire. Cette interaction est particulièrement sensible dans l’apologue, dont La Fontaine disait : « Une morale nue apporte de l’ennui ; / Le conte fait passer le précepte avec lui ». Il revendiquait le droit au divertissement : « Et si Peau d’Âne m’était conté, / J’y prendrais un plaisir extrême ».
1. L’agrément et les vertus du rire pour instruire
L’un de ces moyens pour rendre l’instruction plus efficace est le rire, sous toutes ses formes. Rabelais, qui voulait que son lecteur ne s’arrêtât pas au simple divertissement que peut procurer la lecture de Gargantuaou de Pantagruel mais qu’il en tirât la « substantifique moelle », c’est-à-dire la teneur profonde, prévient son lecteur : « Mieux est de rire que de larmes écrire / Pour ce que rire est le propre de l’homme ».
Le comique prend des formes multiples, depuis la grosse farce carnavalesque [Exemple personnel +Gargantua, Pantagruel, les farces de Molière…], jusqu’à l’humour le plus fin [Exemple personnel] en passant par l’ironiemordante, qui fait sourire, mais qui oblige aussi le lecteur à la réflexion pour « interpréter » le message indirect [Exemple personnel + contes philosophiques de Voltaire, « De l’esclavage des nègres » de Montesquieu].
2. Les vertus pédagogiques du dépaysement
Pour instruire le lecteur sur le monde et sur l’Autre, les écrivains jouent de l’efficacité pédagogique du dépaysement. C’est le procédé de l’œil neuf qui décape notre vision du monde et nous engage, tout en nous divertissant, à la réflexion.
Que ce soit à travers les romans picaresques [Exemple personnel], les récits de science-fiction [Exemple personnel d’utopie, de contre-utopie], les récits de voyages (réels ou fictifs, comme les Lettres persanes, Les Voyages de Gulliver ou Micromégas), l’écrivain fait découvrir des mondes nouveaux qui enchantent mais dont la comparaison avec le nôtreest instructive. En effet, elle dévoile les vertus et les valeurs d’autres civilisations mais révèle aussi les vices de notre monde [Exemple personnel].
À cet égard, le roman d’apprentissage entraîne les personnages dans des aventures où ils se « frotteront » à plusieurs milieux, plusieurs sociétés et forme ainsi autant le héros que le lecteur [Exemple personnel].
3. De la variété avant toute chose
L’efficacité pédagogique de l’écriture tient plus globalement à la variété et à la vivacité, pour ne pas lasser le lecteur et pour maintenir son esprit en éveil. Pour cela, les écrivains disposent de nombreuses ressources.
Pour mieux instruire, il convient alors de combiner les genres de l’argumentation directe [Exemple personnel] et de l’argumentation indirecte, en s’adaptant au public visé. À un enfant conviendra le genre court et imagé de la fable ; au lecteur amateur de péripéties conviendra le roman ; à celui qui aime la fantaisie, les dialogues amusants comme L’Histoire comique des États et Empires du Soleil Cyrano de Bergerac ; aux penseurs les traités et les essais.
Conclusion

Si l’on peut concéder à La Bruyère qu’écrire a fréquemment pour but d’instruire, on lui objectera que la littérature ne saurait se réduire à une fonction unique, sous peine de perdre sa richesse. Une intention pédagogique ou didactique trop envahissante révèle la méconnaissance de la clé du succès énoncée par le poète Horace : « Il obtient tous les suffrages celui qui unit l’utile à l’agréable, et plaît et instruit en même temps. »
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